Quelques photos II

Source : Olivier Détroyat

Michel Détroyat et Charles Lindbergh à La Vallée

Michel Détroyat sur le "champ d'aviation" de La Vallée en compagnie de sa belle-mère et de Mme Lindbergh
Une photo de Robert Morane, parrain de Monique, la fille de Michel Détroyat


Michel Détroyat lors de meetings


Michel Détroyat en compagnie de Pierre Cot, ministre de l'air

Michel Détroyat examinant la maquette d'un projet d'hydravion quadrimoteur et comparaisons intéressantes....

Michel Détroyat attablé sur le paquebot Normandie en compagnie - notamment - de Guillaumet et de Saint-Exupéry le 29 mars 1938

Démonstration de Haute Ecole Aérienne selon Michel Détroyat

Michel Detroyat and Caudron C.460 tribute

Les principales figures d’acrobatie aérienne selon Michel Détroyat - 1956

Boucle ou «looping»
Cette figure, réussie pour la première fois par Pégoud en septembre 1913, est une des plus faciles de la voltige aérienne.
Il faut qu'elle se situe dans un plan parfaitement vertical par rapport au sol. La courbure doit être constante et se débute vent debout.
Etant donné qu'il s'agit d'une figure simple, il m'est possible de donner la  «recette» pour réussir la boucle ou looping. Il faut prendre en palier une grande vitesse, plein moteur, et tirer à soi le manche, d'abord progressivement et doucement pour laisser l'avion monter de lui-même. Puis, arrivé en haut, l'avion passe correctement sur le dos et commence de lui-même sa descente. En même temps, il faut, grâce au palonnier, veiller à ce que l’avion conserve exactement sa direction, et avec les ailerons empêcher l'avion de pencher à droite ou à gauche.
Dès qu'on revoit le sol il faut réduire les gaz à fond. Tout se passe très bien si le pilote conserve de la douceur, surtout à la commande de profondeur.

Tonneau déclenché à droite ou à gauche
Encore une figure facile à exécuter, bien qu’impressionnante pour le spectateur. Cette autorotation de l’avion est simple sur avion léger, mais difficile sur avion rapide. Pour réussir cette figure il suffit, l'avion étant en ligne de vol, de donner un coup de pied rapide à droite ou à gauche, suivant que vous voulez faire un tonneau à droite ou à gauche, en tirant en même temps sur le manche, mais en accélérant. Le tonneau déclenché dure environ 3 à 4 secondes. La rotation doit être rapide. mais le départ et l’arrêt de cette rotation doivent être souples. Le tonneau doit être évidemment exécuté bien dans l'axe et sans perdre d'altitude.
L’appareil fait donc un tour complet autour de son axe de rotation accomplissant une sorte de vrille à l’horizontale. En fin de rotation remettre les gaz progressivement.


Rétablissement normal à droite ou à gauche et immelmann
Le rétablissement est à peu de chose près qu’on appelle couramment «immelmann». Les deux dessins montrent bien la différence entre ces deux figures sœurs. Dans l’immelmann, le demi tonneau se fait en montant alors que dans le rétablissement il se fait après un demi looping quand l’avion se retrouve en palier sur le dos.
La figure doit être exécutée dans un plan vertical par rapport au sol, la courbure le plus possible constante et le demi-tonneau doit se terminer les ailes bien horizontales.


Tonneau lent à droite ou à gauche
Cette figure est plus difficile que le tonneau déclenché, car dans le tonneau déclenché, comme dans toute figure dite déclenchée, c'est l'avion lui-même qui fait le mouvement.
Si l'on peut dire, le tonneau lent est un tonneau raisonné. La rotation doit être constante à un rythme évidemment ralenti. Un arrêt de rotation sur le dos est une faute. La fin de la figure doit se faire en vol horizontal, comme toute la figure d'ailleurs.


Tonneau déclenché et demi à droite ou à gauche
Pour ce tonneau déclenché et demi, la manœuvre est la même que pour le tonneau déclenché simple. Elle est toutefois plus compliquée du fait que, parti en vol horizontal, l'avion finit la figure en vol sur le dos ou inversé. La rotation doit être rapide, mais son départ et son arrêt doivent être souples.


Renversement normal à droite ou à gauche
Le renversement, j’en ai déjà parlé, est une des figures de base de l’acrobatie aérienne. Pour réussir cette figure, qui semble plus facile qu'elle
n’en a l’air, il faut faire un palier pleins gaz et laisser monter l'avion jusqu'à environ 70 ou 80°. Dans sa chandelle l'avion diminue automatiquement sa vitesse, et une inclinaison assez vigoureuse du manche, suivie d'un coup de pied du côté où l'on veut effectuer son renversement, permettra à l’appareil de basculer doucement en haut de sa chandelle. Pousser alors le palonnier du côté du renversement en réduisant légèrement les gaz. A ce moment l'avion basculera, exécutant ainsi une acrobatie déclenchée dont le pilote doit, cependant, conserver la direction.
Voici encore quelques précisions à propos du renversement. D'abord il doit être monté, les plans parallèles à l’horizon. Ensuite, plus la montée est verticale plus le mouvement est beau, mais plus difficile, car dépasser la verticale est une faute. La rotation au sommet de la figure doit être rapide et s'effectuer au minimum de vitesse, sans mouvement de roulis. Enfin, la descente doit s'accomplir sous le même angle que la montée, sans qu'au moment du basculement il y ait une perte d'altitude, même légère.



Rétablissement tombé à droite ou à gauche
Il s'agit d’une variante du rétablissement normal, mais un peu plus difficile, car le demi-tonneau, au lieu de s'effectuer en vol horizontal, est exécuté alors que l'avion commence la courbe descendante de la boucle ou looping, qu'il a amorcée. Ce demi-tonneau, en descente, doit être exécuté suivant une pente constante. C’est en effet une faute de commencer la rotation trop tôt et de laisser augmenter la pente pendant la rotation.


Double tonneau déclenché à droite ou à gauche
Le travail est le même que pour le tonneau déclenché simple. ll est plus ardu, pour la raison évidente et digne de La Palisse qu'il est plus difficile de faire deux fois de suite une chose qu'une seule. Les deux rotations doivent être rapides, avec un léger temps entre les deux pour bien montrer sa maitrise de l’appareil, qu'on doit, comme dans toute figure déclenchée, «rattraper» en remettant les commandes au milieu.


De plus en plus difficile
A partir de maintenant, nous abordons des figures qui font vraiment partie de la haute école aérienne, de ces figures qu'un pilote de chasse n'est pas oblige de connaitre. même s’il veut faire son métier convenablement. Pour ces figures, il devient impossible pour moi de vous donner la recette permettant leur réussite. Les manœuvres de commandes sont si rapides et multiples qu'elles doivent être des réflexes comme ceux du coureur automobile faisant, sans y penser, son double débrayage pour rétrograder.
En admettant même que je puisse - ce n'est pas le cas - vous donner avec précision ces recettes, je m'en abstiendrais car je connais très bien les jeunes passionnés fréquentant les aéro-clubs. Ils sont très capables, alors qu’ils viennent juste d'obtenir leur brevet, de s'envoler loin du terrain pour essayer toutes ces figures après avoir «potassé» mes conseils. 
Je profite de l'occasion pour inciter tous ces jeunes à la prudence; qu'ils n'oublient pas, par exemple que je fis vingt-deux heures de vol en double commande à Istres avant d'être «lâché seul» quand j'étais élève pilote. Vous pouvez le constater, je ne pris pas un «départ sur les chapeau de roues», comme on dit en jargon cycliste, mais je me suis assez bien rattrapé par la suite. Les aéro-clubs ont tous d'excellents moniteurs ; écoutez-les et surtout ne faites jamais plus ce qu'ils vous demandent. Les dons naturels sont évidemment d'une importance capitale pour réussir dans la voltige, encore faut-il savoir progresser par petites étapes et ne jamais aller au delà de ses moyens.
Cet avertissement aura, je l’espère, son écho, et j'en arrive à ces figures de haute école qu'on peut qualifier d'assez difficiles.
Retournement normal à droite ou à gauche
Voici ce qu'il faut faire pour que cette figure soit parfaitement réussie. La montée doit se faire bien droite, les plans parallèles à l'horizon le plus à la verticale possible, sans toutefois la dépasser, ce qui serait une faute. La rotation autour de l'axe de roulis doit être de 180°. La rotation terminée, un petit temps d'arrêt doit être marqué avant de pivoter sur l'axe de tangage. Pendant le pivotement, en haut de la chandelle, l’appareil ne doit pas marquer de mouvement de lacet ou de roulis. Le pivotement doit se faire à faible vitesse et dans un espace assez restreint, tout en gardant au mouvement une allure simple et liée. La descente, enfin, doit s'effectuer sous le même angle que la montée et mesurer la même longueur.
C'est une figure qui ne fait pas un gros effet sur le public, mais tous les connaisseurs vous diront que, pour la réussir parfaitement, il faut la main d'un champion. Si un jour vous la voyez réussie comme je l’indique, applaudissez très fort et dites-vous : «Celui-Ià est un grand pilote.»


Boucle inversée ou looping à l’envers
Le «looping à l’envers», ou «boucle inversée», fut réussi pour la première fois par l'Allemand Fieseler. J'eus l’honneur de la réussir le premier en France, quelques mois après mon célèbre rival. C'est une figure plus impressionnante que vraiment très difficile, car elle « secoue › violemment le pilote qui, lorsqu'il amorce sa ressource, se trouve sur le dos après un piqué à la verticale, ce qui n'est pas la meilleure position pour contrôler ensuite la remontée qui doit être effectuée dans le même axe que la descente avec la même courbure. Ne pas oublier que le looping à l'envers doit toujours être commencé vent arrière.


Noeud de Savoie normal, inversé, à l’envers et inversé à l’envers
Les quatre façons de faire le «nœud de Savoie» sont à peu près les mêmes. Il s'agit de deux sortes de loopings formant un huit. C'est une figure qui fait un très bel effet et qui en plus secoue sévèrement le pilote, surtout l'inversé à l'envers qui est en quelque sorte un double looping à l'envers. Ces figures, pour être réussies, doivent être exécutées dans un plan parfaitement vertical, et être attaquées sous un angle de 45° environ. Les deux boucles doivent avoir une courbure constante, être exécutées sans précipitation, et la figure doit se terminer le plus près possible de l’endroit où elle a été commencée.
Voici quelles sont les fautes qu'on risque de
commettre en exécutant les «nœuds de Savoie» :
  • cadence trop faible en haut de la boucle et abatée sur le dos
  • descente sous un angle trop faible
  • courbure trop faible en haut de la remontée-dos et abatée
   

Renversement inversé à droite ou à gauche
Le problème est le même que pour le renversement normal, avec cette différence que cette figure se commence sur le dos pour se finir sur le dos, ce qui en augment évidemment la difficulté. Là aussi, plus la montée sera verticale et plus le basculement en haut de la chandelle se fera souplement sans perdre d'altitude, plus la figure sera réussie.


Rétablissement tombé inversé à droite ou à gauche
Cette figure est encore une variante de l'immelmann, comme toutes les figures en vol inversé, elle nécessite du pilote une grande maîtrise et une grande souplesse. Après un piqué à 45° en vol sur le dos, l’appareil effectuera trois quarts de boucle en accélération négative. Puis, après le haut de la boucle en vol normal, l’appareil amorcera un piqué de 45° au cours duquel il effectuera un demi-tonneau pour que la fin de la figure s’accomplisse en vol sur le dos sans qu'ait cessé le piqué à 45°.


LE FIN DU FIN DE LA VOLTIGE
Toutes ces figures se ressemblent comme des sœurs, pourrez-vous penser, et tous ces rétablissements, retournements, renversements inversés ou non ne semblent que «bonnet blanc et blanc bonnet». C'est l’impression que ressent généralement le profane. Je tiens à vous mettre en garde contre ce travers, né de la facilité, avant d'aborder une nouvelle série de figures qui,
tout en ressemblant aux précédentes, sont pour le pilote beaucoup plus difficiles. Etudiez attentivement les dessins, et en réfléchissant vous vous apercevrez que chacune de ces figures pose au pilote un nouveau problème et l’oblige à montrer une nouvelle facette de sa maîtrise ou de sa science. 

Retournement inversé à droite ou à gauche
Parti en vol sur le dos, le pilote amorce une chandelle tendant le plus possible vers la verticale. Après un demi-tonneau en montant sur l'axe de lacet, le basculement vers l’avant doit se faire à vitesse faible, mais dans un mouvement souple et lié. Enfin, pour que la figure soit parfaite il faut que la montée et la descente aient une longueur sensiblement égales.


Renversement précédé et suivi d’un quart de tonneau lent en montant, départ vol normal
Rien que le titre si long de cette figure l'explique. Toutefois le renversement ici s'exécute dans le plan de travail et non dans un plan perpendiculaire, comme c'est le cas pour le renversement seul; de plus, si le quart de tonneau est effectué à droite ou à gauche, peu importe, sinon il serait possible de présenter quatre fois de suite la même figure dans un championnat.
Cette figure n'y est admise qu'une fois, le pilote indiquant d'avance le sens de rotation qu'il a choisi. Le même cas se produira pour certaines figures qui vont suivre.


Retournement à l’envers
Retournez en arrière, regardez le dessin figurant le retournement normal et vous constaterez qu’il est bien plus difficile d’atteindre, après un demi-tonneau en montant, le sommet de la chandelle en vol normal qu’en vol sur le dos qui facilite bien mieux le basculement, surtout si la montée, comme il se doit, est le plus possible près de la verticale.

Retournement à l’envers inversé
Même problème que pour le précédente figure, mais avec départ et arrivée en vol inversé. En vol inversé le basculement, au sommet de la chandelle, est plus facile qu’en vol normal, mais comme la figure se commence et s’achève sur le dos, elle mérite un coefficient de difficulté égal à celui de la précédente.
Renversement précédé et suivi d’un quart de tonneau lent en montant, départ vol inversé
Là encore, le fait d’être commencé et fini en vol inversé donne à cette figure un coefficient supérieur à la figure 19, dont le départ et l'arrivée se font en vol normal. Cette figure est très spectaculaire. Elle peut se présenter de quatre façons différentes puisque les deux quarts de tonneau peuvent être présentés à droite ou à gauche.

Et maintenant, avec mes quatre dernières figures, nous allons examiner le fin du fin de la haute école aérienne. Et celui qui peut les réussir toutes, à la perfection, sent naître en lui, à chaque fois qu'il y parvient, cette bouffée d'orgueil de celui qui est le maitre total de son appareil.
4 tonneaux lents au cours d’un virage de 360° à droite ou à gauche
Il suffit de regarder le dessin pour en mesurer la difficulté, c'est un peu quelque chose dans le genre du cercle infernal, avec cette différence que toute la réussite de la figure tient dans la finesse de main du pilote. Celui-ci doit, en effet, maintenir une altitude constante et donner à l’exécution de ses tonneaux, exécutés pendant un virage arrondi à 90°, une cadence constante en vitesse comme en longueur s'il veut achever sa figure sensiblement où il l'a commencée.
Entre chaque tonneau, un arrêt de la rotation du virage, ou de celle autour de l'axe de roulis, est compté comme une faute.


L’ «M» : renversement normal ou inversé suivi d'un renversement inversé ou normal 
L'exemple que nous donnons ci-dessous est un renversement normal à droite suivi d'un renversement inversé à droite. Cette figure bénéficie de la somme des coefficients des deux renversements (3+4).
Bien que bénéficiant d'un fort coefficient, cette figure très difficile l'est tout de même beaucoup moins que la figure précédente, qui, à mon avis, devrait avoir le coefficient 8 au minimum.


Renversement précédé et suivi d'un demi-tonneau lent en montant, départ normal ou départ inversé 
Peut-être attendiez-vous, pour les deux figures cotées comme les plus difficiles, quelque chose d'intensément spectaculaire et fracassant. Ne soyez tout de même pas déçus, ces ,demi-tonneaux lents, effectués en montant et en descendant à la verticale, avec entre les deux un renversement qu'on n'a pas le temps de préparer, tout cela représente, si l'on veut bien réussir, du véritable travail d'artiste. Et je suis heureux de terminer ainsi ce catalogue par une figure toute de finesse, bien dans l'esprit de ce mot «haute école» qui me tient tant au cœur.


Michel Détroyat, 
Pilote d’Acrobatie, Editions Hachette, 1957
Illustrations Jean Reschofsky